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RL 2017 // BAKHITA, Véronique OLMI...un roman poignant

(Petite parenthèse avant de donner mon avis sur ce livre pour m'expliquer brièvement sur la raison pour laquelle j'ai quitté instagram. En effet, certains d'entre vous me suivaient sur ce réseau et ont pu constater que j'ai supprimé mon compte il y a quelques jours. Bien que j'aie agi sur un coup de tête, la décision n'en est pas moins réfléchie et j'y pensais depuis plusieurs mois déjà. Ce n'est en aucun cas un mépris vis-à-vis des nombreux abonnés avec qui j'ai eu plaisir à échanger, mais simplement parce que je souhaite prendre de la distance avec les réseaux sociaux qui créent une addiction et que je trouve invasifs. J'ai souhaité faire cette expérience et aujourd'hui j'aspire à autre chose, à prendre mon temps et du plaisir à lire des livres qui ne sont pas forcément grand public et à orienter mes choix vers des lectures plus exigeantes, voire plus élitistes, et pour cela je vais puiser dans les classiques mais également du côté des auteurs peu lus et peu connus : Violette Leduc, Grisélidis Réal, Paul Guimard, Henri-Pierre Roché, Hervé Guibert, Henri de Montherlant, André Gide, Jean-François Billeter etc. J'ai également besoin d'approfondir mes connaissances en littérature américaine et étrangère. Je ne souhaite plus faire de la  lecture une espèce de marathon et de la littérature un bien de consommation banal. La médiocrité foisonnante et l'exhibitionnisme qui s'imposent à nous sur ce genre de réseaux me navrent, mes aspirations me portent aujourd'hui vers d'autres hauteurs. Désormais, vous me retrouverez ici.)


Temps fort de cette rentrée littéraire, très médiatisé et ayant obtenu le prix fnac, ce roman n'a pas tout de suite attiré mon attention. Les critiques étant unanimement dithyrambiques, j'ai plutôt tendance à éviter ce genre de phénomènes. Bakhita, c'est l'histoire vraie d'une femme née au Soudan en 1869 (morte en 1947), capturée à l'âge de 7 ans et réduite à l'esclavage. Après une rencontre "salvatrice" avec le consul d'Italie, elle deviendra religieuse dans ce pays, consacrant sa vie aux enfants pauvres, avant d'être canonisée en 2000 par le pape Jean-Paul II.

La lecture de ce roman n'est pas de tout repos, en effet, il m'a fallu poser le livre plusieurs fois étranglée par l'émotion. Lorsqu'elle est enlevée à l'âge de 7 ans, le choc est tel que l'enfant oublie son nom; ses ravisseurs la nommeront "Bakhita", autrement dit la chanceuse en arabe. Vendue cinq fois, n'ayant jamais pu retrouver sa famille ni le repos, elle a subi toutes les offenses, les violences, et elle en est revenue. Bakhita, celle qui a choisi la vie a opposé à la cruauté sa résistance. Elle a fait preuve d'une force et d'une grandeur d'âme hors du commun. 

La question que pose ce récit de la vie de Bakhita est : comment peut-on grandir en humanité et ne pas être habité par la haine quand on a subi de tels traumatismes ? Où Bakhita a-t-elle trouvé la force nécessaire pour ne pas se laisser abattre ?  La réponse se trouve dans les mystères de la résilience.

Véritable "page-turner" (même si je n'affectionne pas ce genre d'anglicisme), ce roman est porté par une écriture concise qui inscrit durablement le souvenir de cette femme dans notre esprit. Ainsi, il est difficile de voir les dernières pages arriver, pour la simple raison que l'on ne se résout pas à quitter Bakhita, l'esclave devenue Sainte, la bonté à l'état pure. On ressort de ce roman revigoré et dans un état d'esprit empreint d'une grande sagesse.

Présente sur la deuxième liste pour le Goncourt, j'espère que ce prix sera décerné à Véronique Olmi.






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