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Articles

Affichage des articles du avril, 2017

Laetitia, Ivan JABLONKA...ou la littérature du réel

Laetitia ou la fin des hommes, Ivan JABLONKA, éditions du Seuil, 2016. Ivan Jablonka, historien et écrivain revient sur l'affaire laetitia Perrais (jeune fille de 18 ans assassinée, démembrée et jetée au fond de deux étangs en janvier 2011), il mène l'enquête et donne une ampleur au fait divers en l'extrayant de sa dimension sensationnelle pour en faire un objet d'histoire et de sociologie. Pour employer les termes de l'auteur, le fait divers devient un "révélateur-peturbateur", il nous montre qu'une affaire n'est pas "réductible à un crime, qu'elle renvoie à quelque chose de plus large". Ivan Jablonka décortique l'affaire Laëtitia avec minutie et met en lumière toutes les questions qu'elle soulève en portant son attention sur "la société, la famille, l'enfant, la condition des femmes, la culture de masse,  les formes de la violence, les médias, la justice, la politique...", tout autant d'éclairages

Ces petites répliques qui disent beaucoup...

"Tous les hommes sont inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels (...) On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et son se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui" (Alfred de Musset, extrait de "On ne badine pas avec l'amour")

Rien où poser sa tête, Françoise FRENKEL

Rien où poser sa tête, Françoise FRENKEL, éd. Gallimard l'arbalète, 2015. Quel itinéraire que  celui de cette inconnue dont on ne connaîtra sans doute jamais le visage; mais finalement est-ce bien nécessaire? Comme le souligne Patrick Modiano dans la préface de ce livre " je préfère ne pas connaître le visage de Françoise Frenkel, ni les péripéties de sa vie après la guerre, ni la date de sa mort. Ainsi son livre demeurera toujours pour moi la lettre d'une inconnue, oubliée poste restante depuis une éternité et que vous recevez par erreur, semble-t-il, mais qui vous était destinée...c'était aussi entendre la voix d'une personne dont on ne distingue pas le visage...et qui vous raconte un épisode de son existence...". Françoise Frenkel (1889-1975) fonde la première librairie française à Berlin en 1921, dont elle s'occupe avec son mari Simon Rachenstein. En 1933, face à la montée du nazisme, ce dernier quittera l'Allemagne pour la France. Désorm

Amours, Léonor De RECONDO

Amours, Léonor de RECONDO, éditions points (poche). Après avoir fini cette lecture, je peux dire que parfois les mots d'un écrivain font  vibrer notre monde intérieur. Ce roman est l'histoire de plusieurs amours au début du XX ème siècle, et de différents points de vue sur le corps,le désir, le don de soi. Victoire et Anselme de Boisvaillant forment un couple prétendument heureux; une belle demeure bourgeoise provinciale, une classe sociale élevée, des domestiques dévoués...seulement Victoire ne trouve pas de sens à sa vie, elle ne trouve pas sa place, le bonheur lui échappe et pour cause, elle n'a toujours pas donné "comme  il se doit" une descendance à la famille de Boisvaillant. Cet enfant viendra mais pas de la façon à laquelle on s'attend, un amour va éclore mais pas celui que les conventions sociales de l'époque permettent. Dans une vie trop corsetée, Victoire trouvera son souffle et parviendra à se sentir capable d'aimer. Ce roman à

Shâb ou la nuit, Cécile LADJALI

Shâb ou la nuit, Cécile LADJALI, roman, éditions Babel de poche. Dans ce roman autobiographique, Cécile Ladjali reconstitue la mosaïque de son identité entre la France, l'Algérie, l'Iran. Elle raconte ses brèches, son abandon, son adoption, son éducation et cette identité qui vacille. Toujours animée par son amour  des mots grâce auxquels elle a pu "se dire" et vivre une seconde naissance, elle nous donne à voir le pouvoir de guérison, de réconfort, de construction dont les mots sont porteurs. Face à tous les silences et non-dits qui ont constitué autant de mystères dans son histoire, elle qui était dyslexique a trouvé refuge dans les mots et la beauté de la littérature. C'est donc tout naturellement et après avoir été orientée de justesse en terminale littéraire que C. Ladjali choisira d'enseigner. De son abandon par une mère iranienne à sa réussite professionnelle en tant que professeur et écrivain, l'auteur se livre à nous dans ce qu'elle